Changement de garde en une année où le mouvement des débats aura été tel, dans le milieu de l’enseignement supérieur, qu’il a certes pris le pas sur le mouvement des personnes. Le rapport annuel 2012-2013 de l’Université du Québec à Montréal devient ainsi l’heureuse occasion de saluer, quelques mois après son élection et son entrée en fonction, monsieur Robert Proulx, le nouveau recteur de l’UQAM, inspiré par un programme qui porte la plus haute idée de nos devoirs et de notre devenir. Le Conseil d’administration, par ma voix, lui exprime toute sa confiance et l’assure de sa collaboration aussi entière que soutenue.
Ce moment charnière m’aura été propice pour accepter de présider le Conseil d’administration de l’Université, me sachant accompagnée par des membres, anciens et nouveaux, animés par l’esprit uqamien, qui ne consent à la continuité que si elle signifie, outre la résilience et la nécessaire stabilité, l’effervescence et la création.
Le Conseil d’administration de l’Université n’est pas toute l’institution, mais il incarne les valeurs qui président à sa gouvernance, pour reprendre le terme et le thème qu’a imposés le Sommet sur l’enseignement supérieur, convoqué par le nouveau gouvernement du Québec en février 2013 dans la foulée des remises en cause provoquées par les mouvements étudiants de l’année précédente. Le mot gouvernance est toutefois piégé s’il est utilisé, comme trop souvent, pour recouvrir simplement un assemblage de règles et de pratiques dictées par les seuls soucis de sage gestion. Les modes de fonctionnement d’une université peuvent et doivent certes adopter les meilleures pratiques fiduciaires à l’égard des biens et des projets de développement qui sont confiés à ses dirigeants à même les ressources publiques. Mais le virage de la gouvernance, dont le débat sous l’angle universitaire se déroule désormais sur la place publique, de l’Assemblée nationale jusqu’à la rue, exige en contrepartie la reconnaissance du caractère distinct, unique, de l’université au sein de nos sociétés. Pour se gouverner, il faut d’abord se définir.
Se dessine ainsi, encore à l’état d’esquisse, une forme particulière de gouvernance universitaire qui devra reposer sur un compromis entre la forte consolidation de l’autonomie institutionnelle, dont la préservation est plus essentielle que jamais, et la mise en place d’une reddition de comptes plus ordonnée et plus significative que ne le permettent, dans leur chaos inefficace, les mécanismes actuels. Jadis ignorés, les conseils d’administration des universités sont désormais invités directement à rechercher cet équilibre. Ils le sont tant à l’intérieur des établissements qu’au sein des pouvoirs publics et ils ne sauraient se dérober à cette réflexion, qui, malgré les apparences, peut être passionnante. Je suis pour ma part convaincue que le modèle de collégialité qui prévaut à l’UQAM depuis ses origines soutiendra et nourrira par sa vivacité, et pourquoi pas sa pugnacité légendaire, la qualité de nos échanges et surtout de nos décisions.
Je salue avec amitié toutes les personnes qui se retrouvent et se reconnaissent en l’UQAM. En s’y inscrivant ou en y travaillant, en participant à ses multiples instances, elles auront manifesté leur confiance en une institution que rien n’a le droit d’effrayer pour l’avenir, qu’il soit proche ou lointain.
Lise Bissonnette